L’aigle des tourbières, un polar de Gérard Coquet publié aux Éditions Jigal Polar.
Bouclez vos valises, je vous emmène en voyage. Enfin pas moi mais l’auteur, Gérard Coquet. Vous sillonnerez les terres arides du nord de l’Albanie à celles plus humides de l’Irlande. J’espère que vous serez comme moi émerveillés par la rudesse et la beauté des paysages décrits. J’ai été très vite immergée dans cet excellent polar.
Tout d’abord l’Albanie dans les années 80. Susan, une journaliste, essaye d’interviewer le dictateur en place Enver Hoxha. Mais en voulant cacher ses origines irlandaises, sa tête va être mise à prix. Elle va devoir fuir avec son fils Bobby. Pour cela elle va être aidée par Bassian. Un personnage abject, que j’ai profondément détesté. Elle va alors découvrir la loi du Kanun.
Qu’est-ce donc ? On pourrait traduire ceci comme « une dette de sang ». Le nord de l’Albanie est régi par de nombreux clans et c’est de cette région dont est originaire cette loi ancestrale du Kanun. C’est le fait pour un clan de se venger du meurtre d’un des leurs d’un membre du clan dont est issu l’assassin. Vous me suivez ? Pour faire simple, c’est « il a tué l’un des miens, j’ai tué l’un des siens » et ceci peut se reproduire à l’infini. Pendant la lecture de cette première partie, j’ai réécouté cette chanson de Sinsémilia Non-sens (lien en fin d’article). C’est un peu ce que signifie cette loi. Cette dette de sang ne doit à priori toucher que les hommes à partir de 15ans. Or, dans certaines familles où le Kanun a fait rage, certaines femmes doivent prendre les armes pour venger leurs clans. Il existe plusieurs livres de la loi du Kanun et il ne fait pas toujours la part belle aux femmes. Il régit les lois économiques mais aussi les relations de couple entre autres. Lors du mariage, la famille de la mariée offre au marié une balle et un fusil. Si la femme le trompe ou veut le quitter, il peut la tuer, ce ne sera pas admis comme une dette de sang. C’est dire le peu de considérations faites aux femmes. J’ai trouvé cette partie tellement intéressante que je vais me procurer prochainement Avril Brisé d’Ismaïl Kadaré qui traite aussi du Kanun. C’est une thématique que je ne connaissais pas et qui m’intéresse beaucoup, donc si vous avez des titres à me conseiller, n’hésitez pas!
Revenons à nos moutons, enfin plutôt en Irlande en 2015. Bobby a réussi à revenir au pays avec sa mère Susan mais il est devenu Bobby le fou. Ciara McMurphy va enquêter avec Interpol pour retrouver la trace de Bobby. J’ai beaucoup apprécié le personnage de Ciara, une femme forte, qui n’a pas froid aux yeux avec un sacré franc-parler. Elle m’a beaucoup fait rire. J’ai aussi beaucoup appris des enjeux socio-politiques, des états de faits que je ne soupçonnais même pas, que ce soit entre le Kanun et la mafia italienne, et les relations entre l’IRA et l’Albanie. Ceci n’était pas gagné dès le départ pour moi. Mais Gérard Coquet est un conteur né et il arrive à vous intéresser à des thématiques auxquelles vous n’êtes pas sensibles au départ.
Pour rester dans l’ambiance, vous pouvez boire un verre de Raki pour la partie albanaise et une Guinness pour la partie irlandaise.
Vous aurez compris que j’ai adoré ce polar à la fois passionnant et instructif, que je ne peux que vous conseillez de vous procurer qui met en avant des femmes fortes : Ciara, Susan et d’autres dont je ne peux vous parler. Pour information, en commandant directement sur le site de Jigal Polar, les frais de port sont offerts sans limitation d’achat.
Ce polar est la suite du premier tome où l’on découvre Ciara : Connemara Black. Je vous laisse, je me suis procurée le premier tome et je replonge en Irlande retrouver Ciara avec une Guinness 😉 !
Liens :
Compte Facebook de l’auteur : https://www.facebook.com/G%C3%A9rard-Coquet-Auteur-319283991432233/
Site Jigal Polar : http://polar.jigal.com/
Sinsémilia Non sens : https://www.youtube.com/watch?v=468Uje2dk1o